Les changements climatiques en Polynésie Française
La Polynésie française, qui comptabilise 120 îles réparties en 5 archipels, a un climat tropical humide mais avec des différences notables en raison de la grande étendue latitudinale de ce territoire (plus de 20° du nord au sud). On identifie d’un archipel à l’autre un climat bien spécifique : chaud et sec aux Marquises, mais frais et humide aux Australes, ou encore plus humide sur la Société que sur les Tuamotu.
En analysant les longues séries de données de températures, on peut affirmer que le climat polynésien s’est réchauffé au cours de ces dernières décennies. Selon les archipels, on calcule une élévation moyenne entre +0,6 °C et +1,55 °C cohérente avec le réchauffement global sur cette période.
Cette augmentation des températures est plus importante la nuit que la journée. Ainsi à la station météorologique de Faaa (Tahiti), l’élévation moyenne des températures minimales, observées habituellement en fin de nuit, est pratiquement deux fois plus importante que l’élévation moyenne des températures maximales, généralement observées en journée, avec respectivement +2 °C et +1,3 °C en 58 ans. Ce dérèglement climatique a également un impact sur les vagues de chaleur dont le nombre total de cas a significativement augmenté entre 1964 et 2021.
Tout comme les températures de l’air, les eaux de surface de l’océan Pacifique se sont réchauffées de +0,9 °C depuis 1982, contribuant à l’élévation du niveau de la mer par dilatation.
Globalement, le niveau de la mer augmente plus rapidement au cours de ces dernières décennies mais à des vitesses différentes selon les archipels. Selon les données des images satellites LEGOS/CLS on retient que depuis 1992, le niveau de la mer a augmenté à une vitesse moyenne de +2,9 mm/an à Tahiti et de +1 mm/an à Mangareva, des tendances qui nous conduiraient en 2050 à des élévations bien plus importantes que celles proposées dans le 5e rapport du GIEC.
Projections et projets futurs
Dans l’état actuel de nos connaissances, on peut raisonnablement avancer que le dérèglement climatique sur la Polynésie française à l’horizon 2050 va entraîner une hausse sensible des températures et une diminution des quantités de pluies sur certaines îles, augmentant la vulnérabilité à la disponibilité d’eau. Le risque de feux de végétation sur les îles hautes pourrait s’accroître avec des périodes de sécheresse plus fréquentes et plus longues.
Au niveau de l’océan, la principale vulnérabilité engendrée par l’évolution climatique est l’augmentation du risque de submersion marine. À l’instar de ce qui s’est passé sur l’atoll de Tikehau lors du passage de la forte houle de 1996, les structures en bord de mer seraient plus vulnérables aux risques de submersion.
Cette analyse a été rédigée par Victoire Laurent, météorologue, responsable de la division Études et climatologie de Météo-France (direction Interrégionale pour la Polynésie française), Université de la Polynésie Française.
L’article original a été publié sur le site de The Conversation.